INCERTITUDES GEOPOLITIQUES ET ENVIRONNEMENTALES PESENT SUR LE PROJET MOZAMBIQUE LNG : Le Royaume-Uni face à des dilemmes juridiques et environnementaux sur son investissement au Mozambique

Le gouvernement britannique évalue la légalité de son engagement financier dans le projet Mozambique LNG, alors que des pressions environnementales et des risques sécuritaires pèsent sur ce projet stratégique pour le pays.

Projet Mozambique LNG Légende : Projet Mozambique LNG

Le gouvernement britannique envisage un retrait de son soutien financier au projet Mozambique LNG, un développement gazière majeur dont l'avenir semble de plus en plus incertain. Ce retrait potentiel survient alors que le projet, porté par TotalEnergies, reste suspendu depuis 2021 en raison de la menace persistante des groupes djihadistes dans le nord du Mozambique. Le Financial Times a rapporté, le 4 février 2025, que le gouvernement britannique a demandé un avis juridique pour déterminer la légalité de son engagement initial, pris en juin 2020, à travers l'agence UK Export Finance (UKEF). Cet engagement de 1,15 milliard de dollars visait à soutenir les banques et entreprises britanniques impliquées dans le projet en fournissant des prêts directs et des garanties.

Le retrait potentiel du Royaume-Uni intervient dans un contexte où le projet est déjà confronté à une série de défis, tant sur le plan de la sécurité que de l'environnement. Si la justification officielle avancée par Londres repose sur la nécessité de vérifier la légalité de son engagement, il ne faut pas sous-estimer l'impact des pressions exercées par les groupes environnementaux. En 2020, l'ONG Friends of the Earth avait déposé une plainte contre l’UKEF, arguant que l'engagement violait les engagements climatiques du Royaume-Uni en vertu de l'Accord de Paris. Bien que la justice britannique ait donné raison à l'UKEF en janvier 2023, les critiques écologiques continuent de croître, notamment en raison des impacts environnementaux du projet, qui pourrait générer jusqu’à 4,5 milliards de tonnes de gaz à effet de serre.

De plus, la Grande-Bretagne a pris des engagements lors de la COP26 de 2021, promettant de ne plus financer de nouveaux projets pétroliers et gaziers à l'étranger. Cette position ajoute une pression supplémentaire sur le financement du Mozambique LNG, déjà fragilisé par des facteurs géopolitiques et environnementaux.

Pour TotalEnergies et ses partenaires, la perte d'un soutien financier aussi conséquent compliquerait encore un peu plus la réalisation du projet, déjà retardé par l’instabilité sécuritaire dans la région. Malgré ces incertitudes, le groupe français reste déterminé à relancer la construction du Mozambique LNG. Le PDG de TotalEnergies, Patrick Pouyanné, a récemment réaffirmé, lors d'une rencontre avec le président mozambicain Daniel Chapo, l’engagement de son entreprise à poursuivre le projet, d’une valeur de 20 milliards de dollars, avec une capacité de production de 12,88 millions de tonnes par an.

Le Mozambique, qui mise sur ses immenses réserves gazières découvertes en 2010 pour stimuler son développement économique, se trouve aujourd'hui face à une question cruciale : le projet Mozambique LNG pourra-t-il surmonter les obstacles financiers, sécuritaires et environnementaux pour devenir une réalité, ou est-il voué à devenir un autre grand projet avorté ? Le retrait potentiel du soutien britannique pourrait en effet décourager d'autres investisseurs et retarder davantage un projet qui ne devrait plus voir le jour avant 2029, une échéance désormais pleine d'incertitudes.


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