DEFI ENERGETIQUE AFRICAIN FACE AU MECANISME CARBONE DE L’UE : Un levier pour la transition énergétique du secteur industriel africain

Le mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (CBAM), mis en place par l’Union européenne, pourrait bouleverser l’industrie africaine. À partir de 2026, ce dispositif taxera les importations en fonction de leur empreinte carbone, incitant ainsi les entreprises africaines à investir dans les énergies renouvelables pour maintenir leur compétitivité.

Transition Energétique en Afrique Légende : Transition Energétique en Afrique

L'Union européenne a instauré, en 2023, la phase transitoire du Mécanisme d’Ajustement Carbone aux Frontières (CBAM), qui prendra pleinement effet en 2026. Ce système prévoit de taxer les produits importés en fonction de leur empreinte carbone, avec des certificats d'émissions qui pourront atteindre entre 60 et 100 euros par tonne de CO2. Le but de cette mesure est de limiter les « fuites de carbone » vers les pays qui n'ont pas de normes environnementales strictes, tout en encourageant les pays producteurs à réduire leurs émissions. Si l’UE parvient à collecter jusqu’à 10 milliards d'euros annuels grâce à ce mécanisme, elle incite également ses partenaires commerciaux à adopter des pratiques plus durables.

Ce dispositif affectera directement les industries africaines exportatrices, en particulier celles des secteurs de l’aluminium, de l’acier, du ciment, de l’électricité et des engrais. Les entreprises africaines dont les productions sont fortement polluantes risquent de se retrouver moins compétitives sur le marché européen si elles ne parviennent pas à réduire leurs émissions de CO2. Cependant, pour celles qui investiront dans la transition énergétique, cette nouvelle réglementation pourrait devenir une opportunité de se démarquer sur un marché de plus en plus orienté vers la durabilité.

Des initiatives pionnières ont déjà vu le jour en Afrique pour répondre aux exigences du CBAM. Par exemple, l’Égyptien Egypt Aluminium, principal consommateur d’électricité du pays et exportateur majeur vers l’Europe, a signé en 2025 un contrat de 25 ans avec Scatec pour la construction d’une centrale solaire de 1,1 GW, un projet de 650 millions de dollars visant à réduire l’empreinte carbone de son industrie. Le groupe marocain OCP, leader mondial dans la production d’engrais, a également accru ses investissements dans les énergies renouvelables, avec une attention particulière portée sur l’énergie solaire depuis 2023, afin de mieux se préparer à l’entrée en vigueur du CBAM.

Le rapport de la Banque mondiale, publié fin 2024, recommande à des pays comme l’Algérie d’accélérer leurs investissements dans les énergies renouvelables pour atténuer les effets du CBAM. Le pays pourrait ainsi non seulement respecter les standards européens, mais aussi attirer davantage d’investissements étrangers. Des projets comme celui de Sonatrach et Tosyali Algérie, qui visent à produire de l'hydrogène vert à partir d'énergies renouvelables, sont des exemples concrets de cette démarche proactive en faveur de la décarbonation.

Le mécanisme carbone de l’UE, tout en représentant un défi pour les pays africains, offre une opportunité de modernisation et d’adaptation. Les entreprises qui réussiront à répondre aux exigences climatiques européennes pourraient non seulement éviter des coûts supplémentaires, mais aussi se positionner favorablement sur un marché mondial de plus en plus tourné vers la durabilité. En définitive, le CBAM pourrait être un catalyseur pour accélérer la transition énergétique en Afrique, tout en contribuant à la lutte contre le réchauffement climatique à l’échelle mondiale.


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