INSECURITE EN ONSHORE : Les compagnies pétrolières locales du Nigéria face à l’énorme défi de l’insécurité

En 2022, le vandalisme dans l’industrie pétrogazière nigériane a entraîné une perte de 22,4 milliards de dollars. Alors que les compagnies locales prennent le relais sur des actifs rachetés aux multinationales, elles se retrouvent confrontées à une insécurité croissante, mettant en péril leur rentabilité et l’objectif de production du pays.

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Le vandalisme est un fléau récurrent pour l’industrie pétrogazière nigériane, entraînant des pertes colossales chaque année. Selon une étude de l’European Modern Studies Journal, ce phénomène a coûté au pays 22,4 milliards de dollars en 2022. Cette situation a une incidence directe sur la production nationale et les finances de l’État, déjà fragilisées par les vols de brut et les actes de sabotage.

Le 19 mars 2025, Reuters rapportait qu’une explosion sur l’infrastructure récemment acquise par Renaissance, opérant l’oléoduc Trans Niger, aurait été causée par un incendie criminel. Bien que les autorités n’aient pas fourni de détails précis, cet incident met en lumière les défis sécuritaires auxquels sont confrontées les compagnies pétrolières locales, qui peinent à exploiter leurs nouveaux actifs rachetés auprès des multinationales en raison de l’insécurité dans certaines régions.

Pour faire face à cette problématique, plusieurs groupes pétroliers étrangers ont décidé de céder leurs actifs onshore et en eaux profondes. Shell a ainsi finalisé la vente de sa participation de 30% dans la coentreprise SPDC à Renaissance pour 2,4 milliards de dollars, et se concentre désormais sur les périmètres offshore, réputés plus sûrs. De même, Eni a vendu sa filiale Agip Oil Company à Oando Plc, et Seplat Energy a racheté la filiale Mobil Producing Nigeria d’ExxonMobil.

Ces ventes ont ouvert la voie à une prise de pouvoir accrue par les entreprises nigérianes, mais cette transition comporte également des risques. En effet, ces compagnies locales, bien qu’en quête de renforcement de leur position dans l’industrie, doivent faire face à des actes de vandalisme de plus en plus fréquents, impactant à la fois leur production et leurs bénéfices. Selon la Nigerian Extractive Industries Transparency Initiative (NEITI), le Nigéria a perdu 41,9 milliards de dollars entre 2009 et 2018 à cause du vol de pétrole.

Malgré les efforts du gouvernement nigérian pour sécuriser les zones de production, comme l’opération "Delta Sanity" lancée par la marine en 2024, la situation reste préoccupante. Les compagnies locales, en particulier celles qui ont choisi d’élargir leurs portefeuilles dans le secteur onshore, doivent rapidement mettre en place des stratégies efficaces pour garantir la sécurité de leurs infrastructures et protéger leurs investissements.

Le pays, premier producteur de pétrole en Afrique, a affiché une production moyenne de 1,67 million de barils par jour en février 2025. Le gouvernement nigérian espère atteindre un objectif de 2,06 millions de barils par jour d’ici 2025, mais pour y parvenir, il devra lutter contre l’insécurité qui fragilise la production locale. La filière pétrogazière représente en effet 5,7% du PIB nigérian et 45% des recettes publiques, un secteur stratégique pour l’économie du pays.

Les sociétés nigérianes, désormais majoritaires dans la production pétrolière, ont donc un double défi à relever : sécuriser leurs installations pour éviter les pertes dues au vandalisme, et soutenir la croissance de l'industrie pour contribuer à la réalisation des objectifs nationaux de production.


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