RELANCE DE LA RAFFINERIE DE TEMA : Un levier stratégique pour la sécurité énergétique du Ghana

Le Ghana, confronté à des dépenses colossales pour importer du carburant, mise sur la relance de la raffinerie de Tema pour réduire sa dépendance énergétique. Si l’investissement initial de 25 millions de dollars marque un premier pas, de nombreux défis restent à surmonter pour garantir la viabilité de cette relance.

Raffinerie de Tema Légende : Raffinerie de Tema

Le Ghana, bien que riche en ressources naturelles, se trouve dans une situation délicate sur le plan énergétique. Actuellement, le pays dépense des centaines de millions de dollars chaque mois pour importer du carburant, ce qui met une pression considérable sur ses finances et freine sa croissance économique. Toutefois, une lueur d'espoir pourrait émerger avec la relance de la raffinerie de Tema (TOR), un projet essentiel pour la sécurité énergétique nationale.

Le 17 mars dernier, Yussif Sulemana, directeur général de la TOR, a annoncé un investissement initial de 25 millions de dollars pour remettre en service l’unité de distillation du brut. Cette première phase pourrait permettre à la raffinerie de redémarrer partiellement, après plusieurs années de mise à l'arrêt en raison de difficultés financières et techniques. Avec une capacité de raffinage de 45 000 barils par jour, la TOR dispose du potentiel nécessaire pour alléger la facture énergétique du pays et stabiliser les prix du carburant sur le marché local.

Cependant, malgré cette avancée, les besoins en investissement pour assurer la viabilité complète de la raffinerie dépassent largement cette enveloppe initiale. La question du financement à long terme se pose donc, et l'État ghanéen devra probablement faire face à des choix difficiles pour garantir un avenir durable à cet atout stratégique. Selon les prévisions de Statista, d’ici 2027, la contribution du secteur pétrolier à l’économie ghanéenne devrait atteindre 1,13 milliard de dollars, son plus haut niveau depuis 2014. Une raffinerie opérationnelle pourrait non seulement consolider l’industrie pétrolière locale, mais aussi attirer de nouveaux investissements étrangers, boostant ainsi la compétitivité du pays sur la scène internationale.

Parallèlement à cette relance, le gouvernement ghanéen explore d’autres alternatives pour alléger ses coûts énergétiques, telles que l'importation de carburant depuis la raffinerie Dangote au Nigeria. Bien que cette option puisse réduire les coûts logistiques et améliorer l'approvisionnement en carburant, elle ne répond pas pleinement à l'enjeu majeur de l'indépendance énergétique du pays, un objectif stratégique pour toute nation en quête de développement durable.

L'enjeu est donc double pour Accra : réussir la modernisation de la TOR tout en optimisant son approvisionnement en carburant. Ce dilemme se pose également dans le cadre du projet ambitieux du hub pétrolier de Jomoro, dont la première phase, d’une valeur de 12 milliards de dollars, prévoit la construction d’une raffinerie de 300 000 barils par jour. Cette initiative pourrait redéfinir le paysage énergétique du pays et transformer le Ghana en un acteur clé du secteur pétrolier de la région.

Ainsi, la relance de la raffinerie de Tema représente un enjeu crucial pour l’avenir énergétique du Ghana. Si le pays parvient à surmonter les défis financiers et techniques, il pourrait réduire sa dépendance aux importations, stabiliser ses prix de carburant et stimuler son développement économique, tout en renforçant sa position géopolitique en Afrique de l’Ouest.


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