Malgré des investissements massifs annoncés dans les infrastructures de base, plusieurs quartiers de Parakou vivent toujours dans l’obscurité et sans eau potable. Pour les ministres Akponna et Gbadamassi, ce n’est plus un simple retard administratif : c’est un sabotage politique délibéré visant à fragiliser le régime de Patrice Talon.
À Titirou, Okédama et Korobororou, quartiers emblématiques du 1er arrondissement de Parakou, les robinets sont muets et les ampoules restent éteintes. Pourtant, les promesses, elles, n’ont jamais cessé de couler à flots. L’État béninois, sous le leadership de Patrice Talon, avait annoncé de vastes programmes d’urbanisation et d’extension des réseaux hydrauliques et électriques dans tout le septentrion. Mais sur le terrain, c’est un autre récit qui se dessine, celui d’une population laissée pour compte.
La question devient dès lors inévitable : pourquoi ces quartiers, pourtant classés prioritaires dans le Programme d’Actions du Gouvernement (PAG), sont-ils encore exclus des bienfaits de la modernité ? La réponse, selon deux figures politiques de la région, pourrait déranger.
En déplacement à Parakou, les ministres Rachidi Gbadamassi et Kingnidé Paulin Akponna n’ont pas mâché leurs mots. Devant les populations, ils ont dénoncé ce qu’ils appellent un « plan machiavélique », destiné à miner les acquis du régime en affamant littéralement certaines zones politiquement marquées. Un complot par omission, où l’absence d’infrastructures devient une stratégie silencieuse de punition.
« Titirou n’a jamais été docile politiquement », rappelle un habitant. Et l’histoire le confirme. En 2019 comme en 2021, ce quartier s’est illustré par une résistance farouche lors des élections, allant jusqu’à des affrontements ouverts. Coïncidence ou représailles ? Les langues se délient.
Pourtant, tout était prévu : des appels d’offres lancés, des conventions signées, des budgets validés. Où sont passés les milliards annoncés ? Pourquoi les projets ne sortent-ils pas du sol ? « Le PAG n’a pas prévu de développement à deux vitesses », insiste le ministre Akponna, qui appelle à un audit clair de l’exécution des travaux et à une reprise rapide des chantiers.
Car au-delà des discours, c’est la crédibilité même de l’État qui vacille. Peut-on encore parler de développement inclusif lorsque certains citoyens doivent mendier des services aussi vitaux que l’eau ou l’électricité ? Peut-on continuer à invoquer les lenteurs administratives quand le silence se transforme en colère sourde ?
Dans cette bataille d’interprétations, les populations, elles, n’ont plus le luxe d’attendre. Leur quotidien se détériore, leur confiance s’effrite. Et pendant que les projecteurs restent braqués sur les grandes réalisations nationales, les ruelles de Titirou et les cours de Korobororou s’enfoncent un peu plus dans l’oubli.
« Le développement ne doit pas être une récompense électorale », martèle Gbadamassi. Le rappel est brutal, mais salutaire. Si Talon veut marquer son époque, il ne peut tolérer que certains coins du pays vivent encore comme à l’ère coloniale. L’eau et la lumière ne sont pas des privilèges — ce sont des droits.